
Le Gaulois nomade : Quels sont les derniers livres que vous ayez lu en français ?
Cécile V. : Je lis régulièrement des romans en langue française (pas toujours français) que je m’achète lors de venues en France ou que j’échange avec ma famille, mon père et mes sœurs. Nous n’avons pas exactement les mêmes goûts et ça permet de découvrir des bouquins auxquels on ne se serait pas intéressé d’emblée. Et parfois au contraire de faire d’intéressantes discussions.
Récemment, ma sœur m’a prêté Tokyo de Mo Hayder (traduit de l’anglais) qui m’a captivée. J’avais lu juste avant "Oh..." de Philippe Djian qui m’avait aussi accrochée. Actuellement, je lis le deuxième volume de la trilogie des confins de Cormac Mc Carthy, auteur américain. Les descriptions des paysages, souvent arides, et les personnages à cheval qui les traversent me fascinent et m’émeuvent.
Vos lectures ont-elles changé depuis que vous vivez en Espagne ?
Mes lectures en langue française n’ont pas changé. J’aime toujours les auteurs américains (Paul Auster, Toni Morrison, Douglas Kennedy, John Irving), des auteurs japonais (Murakami), les Français aussi, même si ce ne sont pas ceux que je lis le plus. Ce qui a changé pour moi, c’est la possibilité de lire les auteurs espagnols en version originale et de comprendre, au-delà de la langue, les références, les lieux, etc. Et en plus, des auteurs contemporains.
Quel auteur espagnol aimeriez-vous nous conseiller ? Un auteur dont vous aimeriez qu’il soit traduit pour le faire connaitre à vos compatriotes en France ?
Je sais par expérience que nos amis n’aiment pas toujours le livre que l’on pensait les voir adorer. Les bouquins, ce n’est pas si facile à partager… et même quand on a aimé le même livre, ce n’est pas toujours pour les mêmes raisons. Parmi les auteurs espagnols que j’aime bien, certains sont déjà traduits : Carlos Ruiz Zafón (et son succès avec L’ombre du vent (La sombra del viento). En revanche, je ne sais pas si c’est le cas de Pablo Tusset (pseudonyme de David Homedes Cameo), dont les deux premiers romans m’ont époustouflée : Lo mejor que le puede pasar a un cruasán, qui donne, traduit littéralement La meilleure chose qui puisse arriver à un croissant ou En nombre del cerdo, Au nom du cochon. Dans les deux cas, le titre ne dit rien d’un polar où l’intrigue vous tient dès la première ligne. Le personnage est un antihéros super attachant et parfois vraiment pas recommandable, l’humour toujours présent au coin de la virgule. Je pense qu’il pourrait enthousiasmer des lecteurs français comme il l’a fait de ce côté-ci des Pyrénées.
Un auteur francophone à faire découvrir à un(e) ami(e) espagnol ?
Philippe Djian, j’aimerais bien, à une jeune amie que j’aime beaucoup. Je pense qu’elle aimerait. Et Belleto aussi...
Quel genre de livres, d'auteurs aimeriez-vous trouver plus facilement là où vous êtes ?
Je n’ai pas de frustration de ce côté. Nous avons de nombreuses librairies à Palma, très bien achalandées et je recherche rarement un titre précis. Je lis la première page, la quatrième de couverture et je flashe. Ou pas. Et puis si j’aime, je reprends le même auteur. Quant aux livres en français, j’ai la chance d’aller assez régulièrement en France et de pouvoir me réapprovisionner. Et puis il y a toujours les librairies en ligne !
Cécile vit en Espagne depuis 25 ans. Après des études en Langues étrangères appliquées, elle s’installe à Majorque comme lectrice de français. Fascinée à l’idée de pouvoir maîtriser une autre langue que la sienne, elle décide de rester en Espagne. Elle travaille depuis 14 ans dans un laboratoire pharmaceutique homéopathique, où elle occupe un poste de responsable commerciale.