
![]() Pour ce vingtième ouvrage publié, Le Gaulois nomade® innove avec un format original. Trois textes un peu OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) composent cet ouvrage très nomade et très dans l'esprit du Gaulois : voyages en Afghanistan, à Sarajevo, en Europe de l'Est mais aussi voyages intérieurs, avec, pour terminer, une Twitter fiction à découvrir. Bonne lecture, bonnes découvertes !
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![]() Voilà bientôt une décennie que Nadja, professeur de français langue étrangère à l'Institut français d'Helsinki, a posé ses valises en Finlande. La Marseillaise a épousé les us et coutumes finlandais, lit les auteurs de son pays d'adoption dans le texte et partage volontiers ses lectures du moment... Rencontre avec une Française d'Helsinki. Le Gaulois nomade : Quels sont les derniers livres que vous avez lus en français ? Nadja : Je lis beaucoup, souvent plusieurs livres en même temps et mes goûts sont très hétéroclites. En ce moment, je suis particulièrement intéressée par le bilinguisme, j'ai donc commencé La langue sauvée, histoire d'une jeunesse d'Elias Canetti et aussi Tristes tropiques de Claude Levy-Strauss. Je lis également le roman de Katherine Pancol, La valse lente des tortues, très à la mode ici et Amour de Marguerite Duras. Vos lectures ont-elles changé depuis que vous vivez en Finlande ? Oui, bien sûr. Ici, j'ai appris à connaître des auteurs qui m'étaient inconnus, comme Mika Waltari ou Arto Paassilina, que j'aime beaucoup, en particulier Le Lièvre de Vaatanen ou Petits suicides entre amis. J'ai aussi appris à apprécier des auteurs suédois tels que Katarina Mazetti (Le mec de la tombe d'à côté, Entre dieu et moi c'est fini) ou les romans policiers de Camillia Lackberg (La princesse de glace, l'oiseau de mauvais augure). En vivant en Finlande, on ne peut pas passer à coté de Sofi Oksanen et de son roman Purge, qui a gagné le prix Fémina. Il retrace la vie des femmes en Estonie. Un auteur finlandais que vous aimeriez nous conseiller ? Que vous aimeriez voir traduit pour le faire connaitre à des lecteurs Français ? Sofi Oksanen, et aussi Arto Paassilinna, parce que ses personnages caricaturaux sont très amusants et son humour très finlandais. En ce qui concerne les romans policiers, peut-être Leena Lehtolainen (Un cœur de cuivre) dont beaucoup de romans ont été adaptés à la télévision. Et bien sûr, le grand classique Mika Waltari, avec Sinouhé l'égyptien. Un auteur francophone à faire découvrir à des amis finlandais ? Comme je viens de la région marseillaise et que je sais que les finlandais aiment beaucoup les romans policiers, je conseille souvent à mes étudiants de lire la trilogie de Jean-Claude Izzo : Total Khéops, Chourmo et Solea. Et aussi le livre de Muriel Barbery, L'élégance du hérisson que je trouve très bien écrit. Je pourrais conseiller des auteurs comme Amélie Nothomb (même si elle est Belge !) ou Anna Gavalda, déjà très populaires, ici en Finlande. Quel genre de livres et d'auteurs aimeriez-vous trouver plus facilement là où vous êtes ? Le système des bibliothèques est très bien développé et on peut y emprunter assez facilement une bonne sélection de livres français. Néanmoins, la section littérature jeunesse et la bande dessinée en langue française sont assez restreintes chez les libraires. Il est aussi difficile de trouver les livres des Moumines en français par exemple, la sélection est très petite. La Finlande est réputée pour son excellent système éducatif. Comment les petits Finlandais sont-ils exposés à la lecture et à la littérature ? La place du livre est très grande dans le système éducatif finlandais. Dès la première classe, les enfants ont la possibilité d'emprunter plusieurs livres par semaine à la bibliothèque et les professeurs de finnois installent souvent un espace de lecture dans leur salle de classe. L'élève pourra s'y installer une fois son travail achevé pour lire en attendant que les autres aient terminé. De manière générale, les élèves en Finlande travaillent beaucoup plus en autonomie qu'en France et il leur est permis de lire très souvent. Par ailleurs, l'école essaie de lancer de grands événements annuels comme la Journée du livre et fait venir des auteurs pour parler de leurs livres dans les classes. Les plus grands du primaire viennent aussi lire des histoires aux premières classes une fois par mois et on encourage dès la 2e classe les enfants à échanger des livres. En revanche, on apprend beaucoup moins de poésie qu'en France. On privilégie plutôt les chansons. Les Finlandais sont à l'avant-garde des nouvelles technologies. Quel rapport entretiennent-ils avec les livres numériques ? C'est vrai que les Finlandais sont particulièrement réceptifs aux nouvelles technologies et comprennent très rapidement leur utilisation. Je connais pas mal de Finlandais qui utilisent la formule des livres numériques via leur Ipad, par exemple. Pour en savoir plus sur l'essor du paysage littéraire et de l'édition en Finlande : la littérature Finlandaise aujourd'hui, un monde de voix. ![]() Jean Pézennec manie avec talent le verbe et l'humour dans ses nouvelles, parues aux Éditions Le Gaulois nomade®. Le mathématicien a délaissé son univers des nombres sans pour autant perdre le sens de la formule... Il déchiffre la genèse de cet ouvrage réjouissant et parle des livres qui vont peut-être suivre... On compte sur lui ! Le Gaulois nomade® : Vous faites de la nouvelle courte votre signature, pourquoi avoir choisi ce format ? Jean Pézennec : Je ne l’ai pas choisi, ce format s’est imposé à moi, il doit correspondre à ma forme d’esprit. En tant que lecteur aussi, je préfère les nouvelles et les petites proses aux romans. Ceci ne veut pas dire que je sois insensible aux beautés d’un roman. Il m’arrive d’en lire. Mais elles m’attirent moins, et me touchent moins intimement. Je ne peux que constater que les envies d’écriture et les idées qui me viennent m’amènent naturellement à écrire des nouvelles et des proses courtes. Je n’ai pas le goût des intrigues élaborées, avec des entrecroisements de personnages. Même si je le voulais, je pense n’avoir pas le don de concevoir aisément de telles intrigues. Mes nouvelles reposent en général sur un scénario assez simple, ce qui ne veut pas dire qu’elles soient simplistes. Sur un même scénario simple, une infinité de variantes de ton, de construction, de rythme du texte sont possibles. Parlez-nous de la galerie de personnages centraux qui animent les 15 nouvelles de ce recueil. Ont-ils des points communs ? La moitié environ des nouvelles du recueil ont pour personnages centraux des femmes ou des hommes appartenant à la catégorie des gens qu’on dit « ordinaires », qui souvent ne le sont nullement, ordinaires : un pilier de bar, une femme âgée vivant seule dans une tour HLM, une femme de ménage, un couple de Français moyens, une femme au foyer. Je m’inspire dans ce cas de personnes réelles que j’ai connues ou croisées, et je peins de façon subjective la vie de ces gens « ordinaires » tantôt en les plongeant dans une action fantastique ayant pour cadre leur cadre de vie habituel, tantôt en déroulant leur monologue intérieur, nourri de leurs rêves ou de leurs délires, face à une situation banale de leur vie quotidienne. L’autre moitié, ce sont des nouvelles faisant la satire de certains comportements ou de certains travers de société. Dans ces textes de type satirique, je pratique le grossissement du trait, l’absurde, le décalage, l’humour noir. Les héros divers de ces nouvelles, faux poète, comédien qui se la joue, vacanciers franchouillards, jaloux obsessionnel et cetera, sont alors plus des caricatures à la Daumier de types humains, ou des personnages de théâtre d’ombre façon Karagheuz, que de vrais personnages au sens où on l’entend habituellement. Vos histoires flirtent avec l’humour, la dérision, mais pas seulement. Comment définiriez-vous votre style ? Je dirais que j’écris des textes où l’humour est toujours présent, sous des formes variées, tirant tantôt vers l’humour noir tantôt vers la satire tantôt vers l’absurde tantôt vers le délire verbal, mais des textes qui, au delà de l’humour, de la bouffonnerie ou du grossissement du trait, s’inscrivent toujours dans une certaine réalité, bien que jamais purement réalistes. Certaines nouvelles ont même, derrière la drôlerie, un fond plutôt triste. Par exemple Traversée, basée sur le monologue intérieur burlesque d’un poivrot solitaire qui tente sous la pluie de traverser une quatre-voies très passante et est révolté par l’indifférence du monde extérieur. Humour, donc, oui, et revendiqué. Mais je n’emploierais pas le terme « dérision » pour parler de ce que j’écris. Le mot, me semble-t-il, recèle une nuance de nihilisme. Tourner le monde en dérision, c’est rire de tout indistinctement. Je ne ris pas de tout indistinctement. Dans mes nouvelles de type satirique, ma cible, ce sont les ridicules et les faux-semblants, jamais certaines valeurs auxquelles je crois. Et dans les autres nouvelles, celles dont les héros sont des femmes ou des hommes « ordinaires », je suis plutôt en empathie avec mes personnages, l’humour vient de l’intérieur du personnage, de son verbe, de sa façon de voir le monde. Écrire s’apprend-il ? Je pense qu’écrire s’apprend mais ne s’enseigne pas. Je veux dire par là que chaque auteur a besoin de faire son apprentissage, d’améliorer petit à petit, au fil du temps, à force de travail et de réflexion, son style, sa connaissance de lui-même et de ce qu’il peut écrire et de comment il peut l’écrire étant donné ce qu’il est. Peuvent aider à cet apprentissage les réflexions sur l’écriture qu’il lit chez d’autres écrivains ou les critiques qu’on fait de ce qu’il écrit, mais seulement s’il les intègre à sa réflexion personnelle, s’il les interprète à la lumière de ce qu’il est. Je ne crois pas qu’on doive avoir un « maître à écrire », ou alors ce qu’on écrit ne sera que la copie en plus pâle de ce qu’écrit ce « maître ». Ce qui peut s’enseigner, en revanche, ce sont les aspects techniques de certains genres de textes. Les techniques de construction d’un roman policier, par exemple. Ou les techniques du scénario. Mais ce n’est pas ce que j’appelle enseigner l’écriture. Êtes-vous tenté de passer à l’écriture d’un roman ? Tenter d’écrire un roman serait pour l’instant forcer ma nature, qui me porte naturellement, comme je l’ai dit, au texte court. Je n’exclus pas néanmoins d’écrire un jour un texte plus long, de cent cinquante ou deux cents pages, qu’on ne pourrait pas appeler nouvelle et que donc on appellerait roman, puisqu’il faut toujours ranger un texte dans une case. Mais ce ne serait pas un roman au sens habituel du terme, avec intrigue élaborée et personnages s’entrecroisant. Ce serait un texte mosaïque, un texte puzzle, à la structure éclatée, succession de bribes et de micronouvelles dont la juxtaposition nullement arbitraire formerait un tout. J’y pense régulièrement, et je ne m’y mets jamais. Quelle serait l’histoire que vous aimeriez écrire ? Celle dont je n’ai pas encore eu l’idée et qui me permettrait d’exprimer toutes mes potentialités de création, dont, dans mes moments de mégalomanie, les textes que j’ai écrits jusqu’ici ne me semblent que des reflets partiels et imparfaits, bref une histoire qui me permettrait d’écrire le chef d’œuvre dont, toujours dans mes moments de mégalomanie, je rêve, comme toute personne prenant la plume. Autant dire une histoire que je n’écrirai jamais ! Un drame de la littérature et autres nouvelles de Jean Pézennec, publié aux Éditions Le Gaulois nomade® est disponible en un clic sur Amazon. ![]() Jean-Michel Roche, l'auteur des Étranges nouvelles récemment publiées aux Éditions Le Gaulois nomade®, revient sur son dernier recueil et sur ses projets d'écriture. Il nous livre sa définition de l'étrangeté et autres secrets... Une rencontre à consommer comme un bon cru ! Le Gaulois nomade : Pourquoi avez-vous choisi le format de la nouvelle courte ? Jean-Michel Roche : Par goût. La nouvelle est un genre littéraire peu usité en France depuis des années. Au 19e siècle il était très à la mode et mes maîtres en littérature (Maupassant, E. Poe et quelques autres) y excellaient. Ils ont même influencé mon style que beaucoup trouve un peu démodé… Dans ce recueil, vous avez planté des décors et des personnages délicieusement désuets. Certaines époques de l'Histoire sont-elles plus inspirantes que d'autres pour raconter des histoires étranges ? Non, je crois que l’étrange est toujours présent dans la vie de tous les jours. Il suffit pour s’en convaincre de regarder autour de nous. Les récents évènements politiques que nous vivons en ce moment en France ne sont-ils pas un peu « étranges » ? L’étrangeté vient du décalage entre deux réalités. De minuscules faits, comme la disparition d’objets que l’on recherche et que l’on retrouve plusieurs jours après, présentés d’une certaine façon, peuvent paraître étranges. Finalement, la vie même n’est-elle pas étrange ? De ces nouvelles émane une ambiance très "française" : la description des paysages, les lieux, les époques... et les personnages ont ce "je ne sais quoi" qui nous manque quand on vit à l'étranger. Ce recueil est-il une forme d'hommage ? Je ne recherche pas particulièrement l’hommage. En revanche, ayant vécu loin de la France pendant des années, je sais ce que représente un verre de bon bordeaux quand on partage une bouteille loin de chez soi. Il est commun de dire que l’on est fait des autres. Je pense que l’on est aussi fait du pays où nous avons été élevés. C’est probablement l’imprégnation chère à Conrad Lorenz. Êtes-vous tenté de revenir à l'écriture d'un roman ? J’ai déjà publié deux romans policiers chez Corsaire Éditions. Je viens de terminer le 3e. Cela dit, j’ai très envie de retourner aux nouvelles. Genre particulier qui demande plus de tonus, de vivacité encore que le polar. En revanche, la difficulté est d’avoir le même niveau de qualité pour toutes les histoires. Quelle serait l'histoire que vous aimeriez écrire ? J’aime beaucoup le 18e siècle. Le livre que je viens de terminer commence au 18e, continue au 19e, s’achève au 21e. J’aimerais écrire un vrai roman qui se déroulerait entièrement au 18e. La vraie révolution fut celle de la pensée avec l’arrivée dans toute l’Europe des Lumières. C’est autour de ce sujet que mon histoire pourrait se dérouler. Quant à l’histoire, il faut que je demande à mon imagination de bien vouloir m’en dire un peu plus qu’en ce moment ! Étranges nouvelles de Jean-Michel Roche, publié aux Éditions Le Gaulois nomade® est disponible en un clic sur Amazon ![]() Gwen vit à Bruxelles depuis 3 ans. Après quelques années passées à Tokyo, elle a choisi de renouer avec une vie culturelle francophone, tout en continuant à vivre à l’étranger. C’est au 5e étage de la bibliothèque Royale que l’auteur du blog Rue Linière (récemment devenu Ici, en attendant) nous invite à suivre le fil de ses lectures. Elle pose également son regard de Française sur certains aspects de la double culture en Belgique. Le Gaulois nomade® : Quels sont les derniers livres que vous avez lus en français ? Gwen : Des nuages et des tours de Dominique Fabre et Ladivine de Marie Ndiaye, deux romans français d’auteurs que je suis depuis leurs débuts, qui parviennent remarquablement à se renouveler tout en restant fidèles à leurs thèmes de prédilection. Et Agonie d’agapè, de William Gaddis, un Américain virtuose du dialogue qui a réussi à me convertir : avant de le découvrir en 1998, je n’étais adepte ni de la littérature américaine contemporaine ni des romans (trop) dialogués ! Ce sont les trois derniers livres que j’ai lus en français… mais je ne lis qu’en français ! Vos lectures ont-elles changé depuis que vous vivez en Belgique ? Habiter à Bruxelles a effectivement changé mes lectures. La quantité de bouquinistes et la qualité de leur offre me donne accès à davantage de livres que si je devais tous les acheter au prix fort, ou que si je devais me contenter de les emprunter dans les bibliothèques. Par ailleurs, je rencontre beaucoup de gens de diverses nationalités qui me donnent envie de découvrir leur culture, de tenter d’un peu mieux les comprendre. Comme je ne suis pas du tout voyageuse, pour découvrir un pays et ses habitants, je m’installe dans un fauteuil et j’ouvre un roman… Parmi mes heureuses et récentes découvertes européennes, j’ai envie de citer : le Portugais Gonçalo M. Tavares, le Hongrois Laszlo Krasznahorkai et le Serbe Svetislav Basara. Un auteur belge (néerlandophone ou francophone) à lire absolument ? Je ne connais pas le néerlandais. Je n’ai donc pas accès à la littérature non traduite. Peu après mon arrivée à Bruxelles, à l’époque où la Belgique vivait sans gouvernement, je suis allée à Passa Porta, la plus grande et très active librairie bilingue de la ville. J’ai assisté à une rencontre entre Jean-Luc Outers, auteur wallon, et Kristien Hemmerechts, auteur flamande, qui faisaient paraître sous le titre Lettres du plat pays, la correspondance amicale dans laquelle, pendant quelques années, ils avaient échangé leurs espoirs et leurs doutes concernant leur pays commun, au-delà des divergences de leurs points de vue respectifs. Le public de la rencontre, mi-francophone mi-néerlandophone, avait également ri et renchéri dans les deux langues aux plaisanteries des auteurs. Ce jour-là, ne saisissant pas la part implicite des discussions, je me suis félicitée de mon choix de la Belgique pour continuer à être étrangère, en même temps que j’ai été convaincue que je ne saurais jamais comprendre ce conflit linguistique et culturel auquel je n’avais jamais été confrontée autrement que par les témoignages ou les articles de journaux ! Kristien Hemmerechts est très peu traduite et je ne comprends pas pourquoi ! D’elle, j’ai lu Le jardin des innocents chez Actes Sud. Ce livre explore très finement les relations entre trois sœurs. Quel auteur français aimeriez-vous faire découvrir à un(e) ami(e) Belge ? Les Belges sont beaucoup plus au fait de la culture française que les Français de la leur ! Bien qu'elle ait obtenu le prix Médicis en 2012 pour Féérie générale, beaucoup ne connaissent peut-être pas (encore) Emmanuelle Pireyre. Je recommande encore plus particulièrement son livre précédent : Comment faire disparaître la terre, un mode d’emploi pratique, philosophique, brillant et vraiment très drôle qui tente de résoudre, comme l’indique son titre, le problème de la terre qu’on doit faire disparaître quand on est en train de creuser un tunnel pour s’évader ! Grosse agitation ces jours-ci, en France, dans le monde de l’édition. Plusieurs auteurs s’insurgent contre un aménagement du code de la propriété intellectuelle voté par le parlement en mars 2012. Pour résumer, cet aménagement permet à l’État de mettre en ligne et diffuser des livres du XXe siècle (d’auteurs contemporains donc) et estimés indisponibles (parce que non réédités, par exemple). Un site ad hoc a été créé à cet effet par la Bibliothèque nationale de France (BNF) : ReLIRE.
Pour bien comprendre, il faut rappeler que, selon le Code de la propriété intellectuelle, “L’auteur jouit, sa vie durant, du droit exclusif d’exploiter son œuvre sous quelque forme que ce soit et d’en tirer un profit pécuniaire. Au décès de l’auteur, ce droit persiste au bénéfice de ses ayants droit pendant l’année civile en cours et les soixante-dix années qui suivent”. Comme l’explique clairement Hubert Guillaud, rédacteur en chef d’InternetActu.net, sur son blog du Monde, la modification introduite en 2012 remet en cause le principe du droit d’auteur. Il est prévu que les œuvres indisponibles d’auteurs publiés entre le 1er janvier 1901 et le 31 décembre 2000 peuvent être numérisées et commercialisées sans le consentement des auteurs au profit d’une société de gestion collective. Si, sur le fond, cette mesure scandalise de nombreux auteurs, les modalités d’application soulèvent également un tollé. En effet, les auteurs concernés ne sont pas prévenus. Il leur appartient donc d’aller vérifier sur internet, si un ou plusieurs de leurs livres a ainsi été mis en ligne à leur insu. S’ils ne sont pas d’accord, et s’ils ne souhaitent notamment pas être soumis aux règles de cette gestion collective de droits d’auteurs, il leur appartient de le faire savoir en se pliant à une lourde procédure de réclamation. De nombreux auteurs en colère protestent publiquement contre ce qu’ils estiment être un vol organisé par l’État (voir, par exemple, ce billet de François Bon ou ce billet d’un blog de Mediapart qui relaie l’indignation de l’auteur de BD Benoit Peeters). L’affaire n’est pas anodine : elle concerne potentiellement 500 000 ouvrages et divers appels circulent pour inciter les auteurs à vérifier sur le site ReLIRE s’ils sont en ligne sans le savoir. |
Le Gaulois nomade®Éditeur indépendant de livres numériques (ebooks) en français, disponibles sur Kindle. Attaché à la qualité, pas à la quantité. Dénicheur de talents. Catégories
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Avril 2016
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